Les chiffres amazighs
- Sabih Yaïci
- 9 mai 2018
- 4 min de lecture
Dernière mise à jour : 15 mai 2018

J’ai bien écrit que le célèbre mathématicien Léonardo Fibonacci a été formé à BGAYET, ce fait c’est lui-même qui l’a rapporté dans son livre.
Hier, un samedi après midi, j’ai pratiqué en compagnie de mon épouse le sport préféré des femmes, un autre stéréo type diriez-vous, le magasinage, non, je veux dire la marche… Peu importe, à un moment donné, on regardait dans un magasin des montres bracelets qui étaient en spéciales, terme utilisé ici au Québec pour dire qu’il y a un rabais substantiel sur leur prix. N’étant pas intéressé par l’article lui-même, je lisais les phrases écrites par-ci, par-là sur un boitier d’emballage, l’une d’elles attira mon attention, je lisais « cadran complet en chiffres arabes ». J’ai déjà écrit là-dessus comme l’ont fait d’autres avant moi, cependant, on ne le fait pas assez et c’est la faute de nos ancêtres scientifiques et hommes de lettres qui ont commis l’erreur fatale d’écrire qu’avec des langues étrangères comme nous continuons, moi y compris, à le faire de nos jours. Il ne s’agit pas d’être fataliste, mais peut-être de commencer à faire des efforts pour écrire avec notre langue maternelle TAMAZIɣT. Il ne s’agit pas non plus de faire un virage de cent quatre-vingts degrés, mais plutôt d’y aller graduellement : taṣeddart, taṣeddart…
J’en suis sûr qu’il y a beaucoup d’entre vous qui sont entrain de se dire c’est bien beau ce qu’il écrit, cependant, c’est quoi le lien entre le titre de cet article, les chiffres arabes, les ancêtres, les scientifiques… C’est normal qu’on ne voit pas le lien entre tout cela, car je n’ai pas encore abordé ce que je veux vulgariser. En réalité, des chiffres arabes, ça n’existe pas, il fallait qu’ils soient développés par des mathématiciens arabes pour qu’ils puissent prendre ce nom. Or, les chiffres dont on parle ici, ce sont les chiffres modernes que nous utilisons de nos jours : 0, 1, 2, 3, 4… Ils ont été développés par des mathématiciens amazighs à Bgayet et ailleurs en Tamazɣa, toutefois, les occidentaux les ont découverts dans des livres écrits en langue arabe, comme ils ont lu métamorphose d’Apulée en langue latine, alors que lui s’appelait Afulay, un autre Amazigh. On scandait autrefois corrigeons l’histoire l’Algérie n’est pas arabe, aujourd’hui il faut se dire réapproprions-nous notre histoire amazighe avec notre langue tamazight.
Permettez-moi alors de corriger de façon succincte, mais avec la rigueur de la science, cette appellation inappropriée des chiffres modernes (0, 1, 2, 3, 4 …) que les Occidentaux appellent les chiffres arabes, que les Arabes n’utilisent même pas. De nos jours encore, ils utilisent les chiffres indiens qu’ils ont adoptés et adaptés à travers les siècles. La figure 1 a été tirée d’un ouvrage sur l’histoire des chiffres qui est considéré comme une référence importante au monde dans ce domaine, l’histoire des mathématiques. Elle nous montre l’évolution de l’écriture des symboles utilisés pour les chiffres dans les ouvrages scientifiques publiés au moyen orient à partir du 10e siècle. On voit clairement qu’il s’agit bien des chiffres indiens ou à la limite qu’on pourrait appeler indo-arabes s’ils s’entendent là-dessus... D’après ce tableau synthèse, il n y avait aucune trace des chiffres modernes au moyen orient.

Figure 1 : les chiffres utilisés par les Arabes [1].
Cependant, si on regarde la figure 2 qui est un tableau synthèse de l’évolution de l’écriture des symboles utilisés pour les chiffres dans les ouvrages scientifiques réalisés en Afrique du Nord, Tamazɣa, à partir du 13e siècle, nous reconnaissons avec aisance les chiffres modernes. Ils sont donc bien des chiffres amazighs pour la simple raison qu’ils sont l’œuvre de mathématiciens amazighs. Bien sûr, nous ne remettons pas en cause le fait qu’ils ont été développés à partir des chiffres indiens.

Figure 2 : les chiffres utilisés en Afrique du Nord [1].
Revenons maintenant un peu plus en arrière dans le temps pour voir comment ces chiffres amazighs ont été introduits en Europe. Il y a deux thèses, qui sont à mon humble avis complémentaires, sur la façon que les nombres amazighs ont été introduits en Europe par les Amazighs : la première, revient au mathématicien Gerbert d’Aurillac, qui est plus connu sous son nom de pape : Sylvestre II, qui a étudié en Catalogne (Espagne) les mathématiques introduites par les scientifiques amazighs de l’époque [1] et la deuxième, revient au mathématicien italien Léonardo Fibonacci qui a eu des professeurs amazighs à Bgayet (Bougie en Algérie) où il a fait sa scolarité [2]. J’ai bien écrit que le célèbre mathématicien Léonardo Fibonacci a été formé à BGAYET, ce fait c’est lui-même qui l’a rapporté dans son livre.
Gerbert d’Aurillac est l’auteur de plusieurs ouvrages de mathématiques : Libellus de numerorum divisione, Regulae de divisionibus, Libellus multiplicationum … où il a utilisé les chiffres modernes à partir de l’année 970, cependant on dit qu’il n’y avait pas encore de zéro dans son système de numération.
Léonardo Fibonacci a utilisé les nombres modernes dans son livre Liber abbaci (Le livre des calculs) parue en 1202, on écrit que c’est cet ouvrage qui a convaincu plusieurs mathématiciens européens de délaisser les chiffres romains pour ceux de nos ancêtres amazighs.
À partir de ce moment où vous avez fini de lire ce texte, vous devez proclamer haut et fort que les chiffres modernes sont amazighs là où l’occasion se présentera à vous.
Tanemmirt.
RÉFÉRENCES BIBLIOGRAPHIQUES
[1] Georges Ifrah, Histoire universelle des chiffres, Éditions Robert Laffont, Paris1994.
[2] http://www.mcs.surrey.ac.uk/Personal/R.Knott/Fibonacci/fibBio.html, Site Internet de Ron Knott, University of Surrey, Grande-Bretagne.
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