L’ÉDUCATION À L’HEURE DES I-PHONES ET DES TABLETTES (2)
- Sabih Yaïci
- 18 mars 2018
- 3 min de lecture

LE RENFORCEMENT POSITIF
À mes débuts, comme enseignant des mathématiques dans les écoles secondaires du Québec, contrairement à ce que disaient les gens quand je vivais en Algérie, je ne fus pas impressionné par les moyens dont disposait chaque école, sans doute parce que c’était évident dans mon esprit, mais ce qui m’a frappé le plus, c’est la valorisation du succès. Il existe dans chaque école un système de valorisation de la réussite de l’élève. Déjà en classe, l’élève, lui-même, s’attend à ce qu’il soit valorisé lorsqu’il réussit des tâches simples – il y a une habitude, voire une culture du renforcement positif qu’il retrouvera par la suite dans son milieu de travail à l’âge adulte. Quand je raconte à mes amis que durant toute ma scolarité du primaire jusqu’à l’université, je n’ai jamais reçu aucun prix ni même un modeste certificat me félicitant pour mes réussites, ils restent bouche bée. Cela ne veut pas dire que je n’ai pas eu du renforcement positif durant ma scolarité. Cependant, il a été dans ses formes les plus simples de la part de certains de mes enseignants, de mes pairs à l’école et de façon plus explicite de la part de ma famille élargie, voire de mes voisins.
Le renforcement positif correspond à l’évènement, après un comportement, qui accroît la probabilité que ce comportement se produise à nouveau chez un enfant. Le renforcement positif est le guide ou le motivateur qui permet à l’élève de faire et de refaire les bonnes actions qu’il est capable de produire dans une classe ou dans une école. On peut exprimer un renforcement positif à l’aide d’une communication verbale ou non verbale, d’un objet, d’une activité… Un simple sourire ou un bravo constitue un renforcement positif.
Faire du renforcement positif est essentiel pour la réussite des élèves surtout s’ils n’en reçoivent pas assez dans leur milieu de vie. Il faut que l’école kabyle valorise l’élève dans ses bonnes actions et n’allez surtout pas croire que cela prend de gros moyens. Comme je l’ai mentionné plus haut c’est une culture. Pour l’anecdote, lors de ses premiers cours de musique pour jouer de la trompette à son école primaire, ma fille vient me voir pour me montrer qu’elle sait souffler dans son instrument et me demande si je suis fière d’elle. Comme ma réponse fut négative, elle est revenue deux jours après avec de petites évaluations en mathématiques et en français pour qu’elle reçoive un renforcement positif de ma part; alors que d’habitude, c’est sa mère qui fait le suivi par rapport à ses évaluations. Cette anecdote nous renseigne beaucoup : à son école primaire publique, ma fille a reçu du renforcement positif de la part de son enseignante de musique juste pour avoir réussi à faire des sons avec son instrument, car avant de pouvoir jouer de mélodieuses musiques avec une trompette, il faut d’abord savoir souffler comme il faut dans cet instrument pas facile à manier. Ma fille a fait des efforts et c’est pour cette raison qu’elle s’attendait à être félicité, c’est la culture de l’école. L’école doit valoriser l’effort et toutes nos valeurs, elle doit valoriser non seulement les élèves les plus méritants selon les résultats scolaires, mais tous les élèves qui se distinguent par nos valeurs.
Qu’est-ce que cela coûte de donner chaque mois, par exemple, un certificat imprimé à partir du logiciel Microsoft Word pour chaque élève d’une classe, qui s’est distingué par sa réussite aux examens, par sa progression aux évaluations, par son effort, par son assiduité, par son attitude positive, par son implication dans la classe ou dans l’école… et à la fin de l’année de souligner les réalisations de tous ces élèves avec des prix symboliques dans une cérémonie en présence de leurs parents. Je pourrais ne parler que du renforcement positif dans ce texte tellement qu’il y a plein de petites choses qu’on pourrait mettre en place dans les écoles kabyles qui produiraient de grandes émotions chez les élèves et qui contribueraient à les rattacher à leur école et au savoir.
À suivre...
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