AREZKI U LBACHIR
- Sabih Yaïci
- 20 mai 2018
- 2 min de lecture

Si tu cites le nom de Hmed U Merri à un Kabyle, il te répliquera bandit d’honneur durant la période coloniale française. Un qualificatif que nous devons bannir de notre langage pour parler ou écrire sur de tels hommes d’honneur, car c’est le colonisateur qui leur a collé le terme bandit avec la complicité de quelques Kabyles dits «De Service» qui défendaient l’intérêt du colonisateur en contrepartie de quelques privilèges. Ce phénomène a été rapporté partout dans le monde et à toutes les époques historiques. Là aussi, il ne faut pas voir se fléau comme particulier aux Kabyles ou aux Amazighs comme veulent nous le faire croire certains.
Comme c’est écrit plus haut des Hommes d’honneur, car en Kabylie, il n’a pas eu un Hmed mais plutôt plusieurs Hmeds U Merri et ce modeste texte est consacré à l’un d’eux. Il s’agit d’Arezki U Lbachir qui était connu dans la région de Yakouren, du Tamgout et de l’Akfadou à la fin du 19e siècle. Il fut sans doute celui qui a été le plus dur avec les Kabyles «De Service» de l’époque.
On présume qu’Arezki Lbachir est né en 1957 ou en 1859 au village Aït Bouhini de la commune de Yakouren. Après une jeunesse agitée qui coïncida avec la conquête de la Kabylie de 1857 à 1871, il finit par prendre le maquis et constitua une bande qui imposa sa loi sur le territoire d’Azeffoun, du Haut Sebaou et de la Soummam. On le qualifiait en kabyle de «awal d wuzzal» ce qui signifie la parole et les armes, termes qui désignent dans la tradition kabyle un homme d’honneur. Son autorité fut importante dans la région aux regards de ce qu’a rapporté Maurice COLIN dans son livre, Questions algériennes, paru en 1899 aux Éditions Larose (Paris) : « … Après cela, il ne faut pas s’étonner que pendant plus de trois ans, son autorité [i.e. celle d’Arezki] ait, dans presque tout le territoire des trois communes mixtes d’Azeffoun, du Haut Sebaou et de la Soummam, supplanté l’autorité de l’administration française. Il s’y était taillé un véritable royaume dans lequel plus de 160 000 Kabyles ne songeaient plus à discuter ses ordres ou ses caprices… ».
À la fin de l’année 1893, Arezki U Lbachir fut arrêté à la suite de plusieurs expéditions des autorités coloniales. Il fut jugé à la cour d’Alger et exécuté en mai 1895.
Pour plus d’informations et pour consulter les ressources bibliographiques :
http://printemps2001.unblog.fr/2010/02/11/arezki-u-lbachir-un-brigand-chevaleresque/
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